BloggTrotterr en goguette sur la Planète Vin
Ma carrière de globetrotter remonte aussi loin que l’été 1978
il y a donc un peu plus de 40 ans. Quel potentiel de garde, tout de même !
À cette époque, j’étais animateur du matin dans une station de radio de Montréal, un métier de perpétuel adolescent qui m’allait comme un gant. Peut-être surtout parce qu’il me permettait de voyager plusieurs fois par année, bien que pour de courts séjours chaque fois. Et jamais, on le devine, avant ni durant les périodes de sondage des cotes d’écoute.
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Ce trip radiophonique a duré 25 ans. 25 merveilleuses années. Curieusement, c’est seulement vers la toute fin de ce quart de siècle que j’ai pris conscience d’une évidence: les visites de vignobles, et même quelquefois des virées bacchiques plutôt conséquentes, avaient constamment ponctué la plupart de ces voyages. Avec certaines exceptions bien sûr, le Groenland, la Thaïlande et peut-être une ou deux autres. Aurais-je, pendant tout ce temps, nourri une passion pour l’oenotourisme sans trop m’en apercevoir? Non mais sans blague!
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Les années ont continué de filer, beaucoup trop vite, mais mon attitude d’irréductible ado est demeurée intacte. J’ai même raffiné ma stratégie. En plus de passer à présent plusieurs mois par année aux quatre coins de la Planète Vin, je me suis établi avec ma délicieuse compagne dans une région épatante, les Cantons-de-l’Est, berceau de la vitiviniculture de chez nous. Par un beau jour d’été, vous pouvez être assuré de m’apercevoir, chevauchant mon vélo, en quelque point des routes du vin du Sud du Québec.
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Reprendriez-vous un doigt de Manoir St-David, Excellence ?
Rien ne me prédisposait à choisir l’oenotourisme comme hobby. Le Vin est une Drogue, ouvrage – dont je me suis délecté – de Jacques Benoît, l’ex chroniqueur vin à La Presse, commence ainsi : « très rares sont les Québécois d’âge mûr, de plus de quarante ans, disons, qui ont eu le bonheur d’avoir été élevés dans une famille où le vin avait sa place ». . .
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À la page suivante, il poursuit sur sa lancée: « mon père Jean-Marie n’achetait, d’après mes souvenirs, qu’une seule bouteille de vin par an … un blanc ontarien, nommé le Manoir St-David, un SVNV (Sans Vice Ni Vertu 😉 ). INCROYABLE ! Non seulement le scénario était-il chez nous quasiment identique mais en plus, je me souviens très bien que c’est exactement le même vin qui était en cause, le redoutable Manoir St-David PVQV (Plus Vicieux Que Vertueux, à mon humble avis 😉 ). À croire que la « Commission des Liqueurs », l’ancêtre de la SAQ, n’en importait qu’un seul à l’époque.
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Dans ces années-là, la modération n’avait pas encore meilleur goût. Il était plutôt question de tempérance, le terme étant beaucoup plus fort. Des « ligues de tempérance » (paris sportifs interdits) sévissaient dans toutes les paroisses du Québec. Jamais donc Adrien, mon père, catholique avant la lettre, n’aurait osé me verser une goutte de ce nectar d’enfer. D’ailleurs je lui en rends grâce à titre posthume: à mon sens – olfactif – ça sentait la térébenthine, en moins élégant.
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Mon oncle René, de regrettée mémoire lui aussi, était un habitué de ces diners de famille annuels, peu et mal arrosés. Pas une fois ne l’ai-je vu sourciller ou émettre le moindre commentaire désobligeant sur le vin qui était servi. J’interprète aujourd’hui son silence comme une preuve de tact, de respect et d’affection véritable pour notre famille, car Dieu sait qu’il aurait été en mesure de prendre position avec autorité !
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Érudit, fin lettré, charmant causeur, on le trouvait adorable parce qu’il était très drôle. Ça nous rafraîchissait beaucoup. Il avait l’habitude de saluer chacun, y compris moi-même, en l’appelant Excellence! comme s’il s’adressait à un Monsignore, lui qui pourtant n’avait que peu d’affinités avec la curie romaine.
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Qui a bu … aboiera !
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En revanche, il en connaissait un bout sur les vins italiens, ses préférés. À Chicoutimi, il avait même présidé à la naissance d’un des tout premiers clubs d’amateurs à en faire l’importation. Non pas pour la revente, comme les importations privées d’aujourd’hui, mais pour le seul plaisir festif de la dégustation en petit cercle. Je l’imagine au milieu d’autres joyeux lurons de son acabit, attendant le moment stratégique pour lancer son fameux cri de ralliement: Qui a bu aboiera ! Et tout le monde sans doute de se mettre à hurler, de rire bien entendu. On ne devait pas s’ennuyer aux rencontres de l’amicale.
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Désopilant, truculent même, il savait toutefois s’arrêter avant qu’on puisse juger ses propos déplacés, vulgaires ou offensants. J’ai sans doute essayé, consciemment ou non, d’intégrer certains de ses traits de personnalité. En tout cas, je le remercie en rétrospective de m’avoir initié quelque peu à l’art de la dégustation. Et d’avoir influencé, à l’été 78, le choix de ma toute première destination oenotouristique: la Toscane!
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Croyez-moi, on en revient avec la piqûre pour la vie. La bonne vie.
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À la bonne vie ! André Giroux BloggTrotterr
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Prince Edward County ON 2021
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