Dans un couple, le plus grand nez dominateur commun, c’est celui de la femme…

J’ai eu bon nez au moins une fois dans ma vie, en choisissant une compagne partageant mon amour du vin et toujours prête à se lancer à la découverte des petits comme des grands vignobles de la Planète Vin.  NDLR : reprise d’un Article publié le 15 mars 2015.

 

Histoire de vous mettre au parfum

.

Certains soirs d’hiver, nous nous replongeons dans un album photo et toutes sortes d’émotions remontent à la surface: sentiment d’allégresse, de gratitude envers la vie, de fierté. Dans ce regard de conquérant au beau milieu des vignes du Château de Meursault, ne décèle-t-on pas une pointe d’orgueil?  Mais ce n’est pas tout. Même les parfums se rappellent à notre souvenir ému. Surtout les parfums!

 

Les parfums, c’est ce qu’il y a de plus archétypal, de plus profondément ancré dans le cerveau reptilien. On parle ici de la structure de base de notre cerveau, à laquelle se sont superposés graduellement le cerveau mammalien et, plus récemment, le néo-cortex.  Sur quelques dizaines de millénaires, c’est le néo-cortex, aux dires des évolutionnistes,  qui aurait permis à l’homme de se distinguer du singe. C’est loin d’être toujours évident, alors nous n’insisterons pas.

 

Si j’ai bien compris, le cerveau reptilien serait plutôt difficile d’accès mais les arômes ont fini par s’y introduire. Ils nourriraient à la faveur de l’obscurité une relation intime avec les émotions auxquelles ils sont acoquinés. Et cette association serait quasi indestructible. J’en ai fait moi-même l’expérience. Très jeune, j’ai eu la douleur de perdre un malheureux camarade de classe dans un incendie dont j’ai été le témoin impuissant et horrifié. Eh bien, soixante ans et des poussières plus tard, il m’est impossible de respirer la fumée sans ressentir encore ce pincement au coeur.

Retour aux blogues archivés

.

Le premier et le deuxième nez

.

Heureusement, le mécanisme fonctionne aussi dans l’autre sens.  Par exemple, la  trace olfactive d’un grand vin dégusté dans des circonstances heureuses, en compagnie d’amis très chers, ne s’estompera jamais. En y replongeant le nez, vous avez de bonnes chances que le visage souriant de ces personnes aimées se rappelle à votre souvenir. Ou bien que la vue de la bouteille ramène le  parfum de la ravissante personne qui prenait place à vos côtés. Nous devrons approfondir les recherches. Garçon!

Sérieusement, le rôle de premier plan que jouent les odeurs dans notre histoire d’amour avec le vin est indiscutable. Alors, peut-on m’expliquer pourquoi on expédie généralement en quelques secondes les étapes du premier et du deuxième nez ? Comme s’il s’agissait d’une formalité ennuyeuse. Je suis certain d’ailleurs que vous avez moult fois constaté que le « dégustateur moyen », sans doute pressé de se piquer le nez, met rarement plus de temps qu’il n’en faut pour voir le fond de son verre.

 

Au vignoble, hommes et femmes nez à nez?

.

Étant le premier nez, j’ai beau avoir la plus longue expérience du vin, je m’étonne toujours de constater à quel point ma compagne m’est supérieure pour détecter et identifier les odeurs. À la longue, je trouve même un peu humiliant de participer en sa compagnie à une dégustation à l’aveugle pour me faire damer le pion presque à tout coup. Il y a des limites à se faire rire au nez!

Mais à quoi un tel phénomène peut-il bien tenir? Certains chercheurs estiment que c’est le nombre de neurones dans le bulbe olfactif qui détermine les capacités de l’individu sur ce plan. Or le bulbe féminin comporterait en moyenne 43% de cellules olfactives de plus que son homologue masculin.

Pour d’autres, il s’agit plutôt d’une question d’organisation de la mémoire olfactive. On parle ici du choix des stratégies de l’un et l’autre sexe, depuis la nuit des temps, pour stocker et récupérer  les informations jugées vitales. Simple question de survie en somme!

Au vignoble donc, comme en bien des domaines, notre compagne triomphe par un nez. Alors messieurs, ayant levé plusieurs fois notre verre à cette merveille de la création qui embaume notre univers, je vous invite à bien méditer ceci avant de rentrer à la maison : elle a le nez fin et la mémoire longue!

Retour aux blogues archivés 

Sentez !

André Giroux  blogueur blagueur

.